Babouse (Charlie Hebdo) : « L’autodérision est une des valeurs du judaïsme »

Actualité Juive : Depuis quand travaillez-vous à Charlie Hebdo ?Babouse : Ça fait bientôt six ans et demi.A.J. : Où étiez-vous pendant l’attentat du 7 janvier 2015 et comment l’avez-vous appris ?B. : J’aurais dû être présent à la rédaction. Ce jour-là, Charb m’avait proposé de venir au journal à 9h45 mais un rendez-vous médical a été repoussé à cette date. J’ai donc annulé ma venue. Et c’est en sortant du médecin que j’ai entendu la prise d’otages à la radio. Les informations étaient un peu confuses au début et donc j’ai pensé que c’était « juste » des tirs à l’extérieur sur la façade pour faire peur. J’ai alors appelé la rédaction qui ne répondait pas. J’ai ensuite essayé d’appeler Charb, de qui j’étais proche, qui ne répondait pas non plus. Je lui ai envoyé un texto sans m’inquiéter parce que j’ai pensé que c’était comme le cocktail molotov… J’ai eu le sang qui m’est entré dans les chaussettes devant la télévision en apprenant qu’il y avait des morts. J’ai été mis en sécurité à la gendarmerie et c’est Ranson qui m’a appelé pour m’annoncer le nom de victimes. Je n’étais plus qu’une flaque. A.J.: Vous êtes d’origine juive, comment avez-vous ressenti l’attentat de l’Hyper Casher qui a suivi ?B. : J’étais tétanisé pendant plusieurs heures et je n’avais qu’une envie, celle de rentrer chez moi.A.J.: Où étiez-vous alors ?B. : J’étais sous protection dans un lieu sécurisé avec mon ex-femme et ma fille. J’avais insisté pour rentrer chez moi. J’ai alors eu la protection de la police et des caméras à la maison. Je voulais penser à ce qu’on pouvait faire pour les familles des victimes et continuer le combat : montrer que malgré les menaces et les attentats, il fallait continuer.A.J.: Dans le fil des événements,  il y a eu cette manifestation unitaire   du dimanche 11 janvier 2015 au cours de laquelle 4 millions de Français ont défilé. Etait-ce un réconfort ?B. : Tout à fait, en plus, j’étais trop mal pour y assister. Je ne me voyais pas marcher pour manifester. Je me suis senti lâche car des copains ont pu le faire, mais j’allais trop mal physiquement, ma tension s’était écroulée. Ça a été très réconfortant même si j’avais peur que ça se dissipe après. A.J.: Qu’est-ce qu’évoque ce  slogan « Je suis Charlie » chez vous ?B. : Selon moi, ça veut dire : je suis laïc, je suis tolérant, je suis pour la liberté d’expression, je suis pour le droit à l’humour, je suis pour le second degré. Il faut rappeler que la laïcité n’est pas anti-religion mais protège les croyances de chacun dans la sphère privée. Ce slogan veut dire tout ça et qu’on ne tue pas dans un pays de droits des gens pour leurs idées. On ne règle pas les conflits avec du plomb. A.J.: Est-ce que ces événements ont changé votre manière de dessiner ?B. : Honnêtement, ça n’a strictement rien changé. Je ne m’interdis pas de dessiner le prophète si l’actualité si prête mais je ne vais pas le dessiner spécialement pou ...

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