Auschwitz et Jérusalem
L'expérience de ce 70e anniversaire de la libération d'Auschwitz inspire le même questionnement que le 60e. La compassion qui a envahi médias et discours politiques, le déplacement impressionnant à Auschwitz d'une quarantaine d'hommes d'Etat, un véritable culte à la mesure d'un continent tranchent sur le climat ambiant qui entoure les Juifs. L'Union Européenne célèbre la mémoire d'Auschwitz au moment où les Juifs s'en vont ou pensent à partir ! Il y a là quelques chose qui ne tourne pas rond ! Il y a 10 ans, j'avais fait la même remarque : une cérémonie encore plus prestigieuse s'était déroulée au moment même où une campagne acharnée contre Israël se déchainait dans les médias européens.Contre toute apparence, il n' y a pas ici de contradiction mais un vrai système dialectique que j'avais analysé dans « Les frontières d'Auschwitz » (Livre de Poche, 2005). Pour employer une image, je dirais que la visite à Auschwitz, la compassion (je pense sincère !) pour les victimes, va de pair avec le vote de reconnaissance pour la Palestine. Plus la compassion pour la Shoah s'approfondit, plus la cause de la Palestine progresse ; plus Israël est condamné, plus la compassion se retourne contre lui et les Juifs en général. J'ai défini ce syndrome comme "l'abaissement superlatif". En fait un rapport de compensation s'établit : la compassion, et le sentiment de culpabilité envers les Juifs qui l'accompagne, s'épanchent sur les Palestiniens au nom du "Plus jamais çà". Dans l'imaginaire occidental, en effet, on ne pe ...