France/Politique

Assassinat de René Hadjadj : l’enquête élargie à la piste antisémite

Les éléments découverts sur les réseaux sociaux ont contraint le parquet de Lyon à élargir la saisine des juges d’instruction. Parallèlement, une membre de la famille du nonagénaire juif assassiné a décidé de porter plainte.

C’est à partir du groupe Facebook « Agissons pour Sarah Halimi » et du « Collectif des vigilants », présent sur Tweeter, que l’enquête autour de la personnalité de Rachid Kheniche, l’assassin présumé de René Hadjadj a été réalisée. Des personnes qui ne sont donc ni enquêteurs ni policiers, mais qui demeuraient traumatisées par le traitement de l’affaire Sarah Halimi et qui ne comprenaient pas comment la piste antisémite de l’assassinat de René Hadjadj avait pu être si vite écartée.


En passant au peigne fin les 4 600 tweets du mis en cause, elles sont arrivées à esquisser une personnalité pour le moins intrigante de celui qui est accusé d’avoir jeté du 17e étage le vieux monsieur juif du quartier de la Duchère. Il s’agit d’un homme qui commente de manière frénétique les tweets de l’avocat Gilles-William Goldnadel et de l’ambassade d’Israël en France et qui fait très souvent allusion aux « sayanim » présents en France. Un terme issu de la sphère complotiste désignant les juifs de diaspora agissant pour le compte du Mossad.


Ces éléments troublants, rapportés par la presse locale lyonnaise, ont poussé le procureur de Lyon, Nicolas Jacquet, à élargir la saisine des juges d’instruction « à la circonstance aggravante d’acte commis en raison de l’appartenance de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». Une évolution qui devrait désormais autoriser des associations engagées sur ces problématiques à se porter partie civile. Muriel Ouaknine-Melki, l’avocate de l’OJE, a quant à elle été contactée par une membre de la famille de René Hadjadj qui a préféré rester anonyme par peur de représailles, mais qui a décidé de porter plainte. Selon nos informations, Rachid Kheniche était connu des services de police pour des faits de violence, de trafic de stupéfiants et de harcèlement et avait été condamné pour ses antécédents judiciaires. Pour l’affaire criminelle en cours, deux expertises psychiatriques seront prochainement effectuées. Laëtitia Enriquez

Nicole Bornstein, Présidente du Crif Auvergne Rhône-Alpes

L’assassin présumé évoluerait dans la mouvance complotiste

« On peut s’interroger sur le fait que les tweets du mis en cause ont été découverts par des personnes qui sont allées faire des recherches sur les réseaux sociaux et non pas par les personnes officiellement en charge de l’enquête sur la mort de René Hadjadj depuis ses débuts. Ces tweets laissent penser que l’assassin présumé évoluait dans la mouvance complotiste. Est-ce là la raison qui a déterminé son geste ? Pour l’instant, nous n’en savons rien. Nous souhaitons que l’instruction puisse se poursuivre de manière approfondie en prenant en compte ce contexte culturel et idéologique dans lequel le présumé coupable
a pu baigner pour l’amener à commettre un tel geste.

L’élargissement de la saisine des juges à la circonstance aggravante d’antisémitisme va permettre aux avocats des associations qui entendront se porter partie civile d’avoir accès au dossier. Pour autant, et je le répète, il est prématuré de croire que l’on obtiendra la preuve scientifique de l’intention de l’auteur. Il faut que la Justice mène sereinement son enquête et éviter toute récupération politique de cette sinistre affaire ». Propos recueillis par L.E.

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