ANALYSE. L’équation Fillon
Son score est un exploit personnel, un coup de théâtre à l’échelle de la droite française. En recueillant le week-end dernier 44,1% des suffrages au premier tour de la primaire de la droite et du centre, François Fillon a surpris tout le monde. Ses concurrents d’abord, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, qui planchaient sur leur mano à mano final depuis des mois. Les observateurs et les instituts de sondage ensuite, qui, attentifs à sa progression linéaire dans les derniers jours de la campagne, ne sont pas parvenus néanmoins à anticiper qu’il coifferait tout le monde au poteau, à la vitesse d’un pilote de course. Un exercice qu’affectionne le député de Paris. Ses adversaires politiques enfin, de François Hollande à Marine Le Pen, contraints aujourd’hui de réviser une équation électorale renouvelée par l’arrivée d’une nouvelle inconnue. Lui seul, peut-être, prévoyait ce scénario, entre calculs stratégiques et espoirs d’un croyant revendiqué. « Mister Nobody », « le collaborateur », « le pauvre type », autant de surnoms que ses contemporains du marigot politique vont peut-être devoir remiser dimanche prochain : François Fillon est en train de prendre sa revanche. Et rien ne semble pouvoir l’arrêter.Une dynamique vertigineuse« Il est encore très tôt pour comprendre la dynamique de la campagne » analyse au lendemain du vote Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris. « Jamais un candidat n’avait gagné autant de voix en dix jours ». L’ancien Premier ministre (2007-2012) stagnait encore à 9% des intentions de vote en septembre, relégué même à la quatrième place derrière Bruno Le Maire. Les trois débats télévisés, à partir du mois suivant, lui feront franchir un à un les paliers, pour atteindre 30% à la veille du premier tour, selon un sondage IPSOS pour Le Monde. Pour Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies d’entreprises de l’IFOP, deux facteurs ...