Amir et Steve Suissa « Le destin d’Alfred Nakache est une grande leçon de vie »
Pour sa première expérience au théâtre, Amir a relevé un défi immense : un « seul en scène » sur la vie du champion de natation, Alfred Nakache. À la veille de l’avant-première mondiale du spectacle Sélectionné, le 3 novembre, à Tel Aviv, dans le cadre du Festival de théâtre français en Israël « Horizons », Amir et son metteur en scène, Steve Suissa, se confient sur la genèse de ce projet et sur la personnalité hors du commun de celui qu’on appelait le « nageur d’Auschwitz ». Actualité juive : La pièce Sélectionné retrace le destin du nageur Alfred Nakache. Steve, pourquoi avez-vous souhaité raconter cette histoire et pourquoi Amir pour l’incarner ? Steve Suissa : Depuis que je suis tout petit, je suis fasciné par les destins. Les premiers livres que j’ai lus étaient des biographies, d’Hollywood Story de Frank Capra au Fils du chiffonnier de Kirk Douglas. J’ai toujours été passionné par ces parcours de vie, ou comment des gens ordinaires se sont battus pour avoir une vie extraordinaire. Il y avait beaucoup d’humanité dans ces histoires vraies, qui étaient faites pour le théâtre, pour le rendre très humain et accessible, élégant et populaire au bon sens du terme. Après m’être confronté aux destins d’Anne Frank et de Vladimir Horowitz – que j’ai mis en scène - celui du nageur Alfred Nakache méritait une forme d’hommage. J’ai travaillé pendant un an et demi avec un auteur, Marc Elya, en cherchant un acteur qui soit à la fois physique, vrai, sincère et solaire. L’histoire d’Alfred Nakache est bouleversante, mais je ne voulais pas un spectacle sombre. Un jour, j’ai eu un flash sur la personnalité d’Amir. Je l’ai contacté et nous avons commencé à discuter. Nous parlions le même langage. Amir, il s’agit-là de votre première expérience théâtrale. Jouer était-il une envie de longue date qui a trouvé, avec ce rôle, une raison d’exister ? Amir : Absolument. Depuis le début de ma carrière, j'ai eu l'occasion de flirter avec le jeu de manière anecdotique, sans jamais trouver le rôle dans lequel j’allais pouvoir opérer une transformation véritable. Il a fallu cette rencontre avec Steve et ce texte, pour créer une « triangulation » entre lui, moi et le personnage d'Alfred Nakache. Alfred Nakache n'est plus de ce monde, mais il est totalement incarné dans la pièce. Elle nous fait vivre son destin comme si nous étions avec lui dans sa traversée. Cette connexion puissante m'a convaincu d'accepter ce défi et de prendre, entre mes mains, cette mission qui va bien au-delà de ma personne et d’une représentation artistique. Je ne me suis pas lancé dedans pour trouver un nouveau chemin de carrière ou pour me divertir. Raconter ce destin oublié est un honneur et un engagement. Ce spectacle a une mission sociale que je prends très au sérieux. Si tel n’avait pas été le cas, je n’aurais d’ailleurs pas accepté ce défi qui me demande tant d’efforts et de travail. Avez-vous tous les deux le sentiment de partager les risques sur ce projet ? Steve, avec cette création originale qui sera jouée en avant-première mondiale en Israël, et Amir qui changez de registre et qui interprétez un « seul en scène »… St. S. : De l'autre côté du plateau, je suis comme un entraîneur autour d'un terrain de jeu. Je donne à Amir tout ce que j’ai d’inspiration pour qu’il la gère, la digère et la transmette à sa façon. Sans le vouloir, sur cette pièce, je me sens inquiet et anxieux, même en répétition, comme si toutes les salles du monde nous attendaient... C’est la première fois que je travaille sur un spectacle de cette manière car, comme disait Amir, il a une mission sociale. Je veux croire que naîtront chez les jeunes qui viendront le voir, des vocations, des envies, de l’audace, du courage et de la volonté. Je fais, d’ailleurs, en ce moment, la tournée des écoles israéliennes pour encourager les jeunes à découvrir ce destin exceptionnel. Je veux ajouter, enfin, qu’Amir a commencé par le plus dur : un « seul en s ...
