Amélie Myriam Chelly : « En Iran, une opposition politique d’abord pro-régime et non pro-gouvernement »
Actualité Juive : Comment qualifieriez-vous les événements en cours en Iran depuis une dizaine de jours : un soulèvement ? une révolution ? Amélie Myriam Chelly : Je ne parlerais pas de révolution mais d’événements très profonds, différemment inscrits dans les difficultés de la vie de la nation iranienne. C’est un phénomène extrêmement complexe qui est à la fois politique et économique. Tout serait parti d’une opposition politique pro-régime et non pro-gouvernement. On a tendance à confondre les deux termes, alors que ceux-ci sont complètement désolidarisés en Iran. Si les manifestations sont parties de Machhad, c’est parce que la ville est le fief du candidat qui s’était présenté contre Hassan Rohani à la dernière élection présidentielle, Ebrahim Raissi. Raissi est un homme pro-régime, issu de sa branche la plus conservatrice, et anti-gouvernement. Il a certainement cherché à déstabiliser le gouvernement Rohani. Parmi les oppositions, on retrouve également des hommes de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Les forces vives les plus présentes de cette contestation appartiennent néanmoins à une partie de la population pas forcément rattachée à un parti politique mais inquiète de problèmes inhérents à l’économie iranienne : chômage, vie trop chère, difficulté à former un foyer. A.J.: Le week-end dernier, les médias officiels iraniens annonçaient que la « sédition » était désormais mâtée, notamment grâce à l’entrée en jeu des bassidjis. Le régime a-t-il repris la main ? A.M.C. : Oui et non. Les manifestations sont moins intenses et profondes. Les personnes qui étaient venues gonfler les rues la semaine dernière sont moins présentes aujourd’hui. Il n’en demeure pas moins une certaine continuité, en particulier dans les périphéries des villes. Ceci étant dit, les bassidjis ne me semblent pas avoir joué un rôle majeur. Les ...
