Alexandre Del Valle : « Il existe une forme de révisionnisme et de banalisation de la Shoah »
Actualité Juive : Vous considérez que les valeurs judéo-chrétiennes des nations occidentales sont menacées « de l’intérieur ». On en trouve trace dans la « reductio ad hitlerum » opposée à Israël et au peuple juif par la propagande antisioniste et antisémite. Comment un tel mécanisme s’est-il mis en place ?Alexandre Del Valle : La reductio ad hitlerum dépeint un processus de guerre psychologique, ou de « viol des consciences », consistant à disqualifier n’importe quel adversaire en l’accusant d’être « fasciste-nazi ». D’après moi, il s’agit d’une forme de révisionnisme et de banalisation des douleurs de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Une « guerre des représentations » frappe alors de façon flagrante Israël, le sionisme, les Juifs dans leur ensemble, d’où l’assimilation constante des Israéliens aux nazis-fascistes, les croix gammées dessinées par les pro-palestiniens sur des photos de chars de Tsahal, ou encore la comparaison ubuesque du sort des Palestiniens à celui des Juifs sous la Shoah. Je montre qu’il s’agit là d’un processus bien conçu de manipulation de l’Opinion publique fondé sur le triptyque : Diabolisation-Culpabilisation-Retournement (“DCR”), puisqu’il s’agit là de retourner les drames de la Shoah contre ses propres victimes historiques. A.J. : Paradoxalement, selon vous, les Européens se fourvoient en développant une « politique d’apaisement » devant les ennemis déclarés de la démocratie. Qui sont-ils précisément ? Comment expliquez-vous l’existence de ce que vous appelez le « syndrome de Stockholm antérograde » ?A. D.V. : Un peuple culpabilisé de façon pathologique et plongé à la fois dans la haine de lui-même, dans la dépression collective et dans la peur (« peur sans risques ») est munichois par essence et par réflexe, ce qui l’amène à développer une forme de masochisme politique et à défendre « par anticipation » son futur bourreau dont il a peur avant même d’être attaqué et dont il assume les reproches et mobiles. Il s’agit donc d’un ...