Alain Finkielkraut, le Pr Tursz : l’honneur de la France
L’un a fait graver un aleph sur son épée d’académicien, l’autre y avait mis une étoile de David. Tous deux pourtant se sont qualifiés de «Juifs imaginaires», dont l’identité en tout cas « ne se traduisait plus par les gestes rituels de la tradition ». Le 28 janvier 2016, Alain Finkielkraut entrait à l’Académie Française et c’est Pierre Nora qui fit son éloge. L’auteur de la "Mémoire vaine" en face du maître d'œuvre des "Lieux de Mémoire". L'historien dans un discours affectueux et admiratif n’hésita pas à exprimer des critiques au philosophe. Celui-ci, qui avait un pensum difficile, sut dépeindre son prédécesseur Félicien Marceau, condamné après guerre pour « collaboration » dans un portrait au scalpel auquel il n’associa pas de vitriol. Deux discours merveilleux d’intelligence, d’émotion et de nuances où la finesse de l’expression se conjuguait avec la fermeté de la pensée.Quelques heures plus tard je voyais mon ami le Pr Tursz, ancien directeur général de l'Institut Gustave Roussy à Villejuif, devenir officier de la Légion d’Honneur. La médecine après la culture. Le même âge que Finkielkraut, la même excellence professionnelle et le même rapport à un père revenu de l’enfer : pour l’un Auschwitz, pour l’autre le ghetto de Varsovie. Le même amour d’une France idéalisée et presque la même inquiétude quant à son état présent. Ce jour-là, j’ai vu ce que ces Juifs au nom « imprononçable » ont apporté à notre pays, et j’étais heureux de la pr ...