Alain Finkielkraut : « La francophobie et la judéophobie progressent de concert »

Actualité juive : Arrêtons-nous sur l’entame du livre : « Parce que ». Traduit-elle l’urgence « face au temps qui passe », la nécessité d’expliquer, voire l’agacement d’être systématiquement pris à partie ?Alain Finkielkraut : Pour être franc, l’écriture de ce livre a quelque chose d’aléatoire : il s’agissait, au départ, de publier certains de mes essais dans la collection Quarto chez Gallimard pour laquelle l’éditeur m’avait demandé une longue préface. La préface s’est transformée en livre. J’en ai donc découvert la nécessité après coup. Mais il est vrai que le temps est peut-être venu pour moi de m’interroger sur la cohérence de mon parcours et de répondre aux accusations incessantes qui me visent. Je suis traité plus souvent qu’à mon tour de réactionnaire, de raciste et maintenant de sexiste par des gens qui n’entendent plus l’ironie. J’ai décidé de chercher à savoir ce qu’il en est. A.J.: Les « épithètes inamicales » parfois accolées à votre nom vous font dire : « On me qualifie pour me disqualifier ». Est-ce là un exemple de la rhétorique Finkielkraut, et de ce qui en fait sa force de conviction ?A.F. : Un nouvel ordre moral s’abat sur la vie de l’esprit. L’échange et la conversation deviennent de plus en plus difficiles. La marche de l’histoire, comme l’a montré Tocqueville, tend vers l’égalisation progressive des conditions et tous ceux qui font obstacle à ce processus sont frappés de discrédit. Pour répondre à votre question, je ne sais pas si je suis convaincant ; ce que je sais, c’est que beaucoup étouffent sous ce nouvel ordre moral et qu’ils me sont reconnaissants d’essayer de lui résister…A.J.: Ce livre, écrivez-vous, n’est pas une autobiographie. En quoi vous éloignerait-elle de votre incessante quête du « vrai du réel » ?A.F. : Je ne me replie pas sur ma subjectivité en disant « Voilà mon tempérament, mon caractère, mon humeur »… Je l’écris : le vrai que je cherche est le vrai du réel. J’espère être capable de diagnostiquer le présent et j’ai voulu montrer comment j’existe dans ce que je pense. Il s’agit, en parlant à la première personne, de tenter de découvrir la vérité avec mes tripes. A.J.: Votre grande faute, celle que sans doute vous expiez à Kippour : votre « chagrin patriotique » et votre rapport à Israël…A.F. : Le fait d’exprimer le souci d’Israël et de défendre une certaine conception de l’identité nationale vous vaut la foudre des progressistes. Par exemple, après mon exclusion de « Nuit debout », Frédéric Lordon (sociologue, philosophe et économiste – Ndr), qualifié par Le Monde de « tribun debout » a dit que j’avais bien mérité mo ...

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