Ady Steg « Enfant du Shtetl, juif et français »

La peine immense suscitée par le décès du professeur Ady Steg, dimanche 11 avril, à l’âge de 96 ans, est à l’image du géant qu’il était. Grand serviteur de la communauté, il avait œuvré à la reconstruction du judaïsme français après-guerre. Il était aussi un médecin à la stature exceptionnelle, guidé par une profonde humanité. «On ne fait pas de monuments à la mémoire des tsaddikim ; ce sont leurs œuvres qui assurent leur avenir ». Ady Steg avait cité cet enseignement du Talmud en évoquant le souvenir de l’Abbé Glasberg qui lui avait sauvé la vie ainsi qu’à sa sœur, Albertine, en les cachant dans des Maisons de l’Amitié chrétienne du Gers et de Dordogne, pendant la guerre. Nous pensons pouvoir le dire pour lui, aujourd’hui, tant sa contribution à la médecine et au judaïsme français est immense.Ady Steg était né le 27 janvier 1925 dans le petit village de Stary Verecky, en Tchécoslovaquie. Il a sept ans quand sa famille, juive orthodoxe, émigre à Paris. Adolphe ne parle pas un mot de français, mais c’est un élève brillant à l’école élémentaire des Hospitalières-Saint-Gervais. Il prend la France dans son cœur, apprend à lire et à écrire, joue aux billes avec ses camarades et collectionne des images de Jeanne d’Arc et Vercingétorix. « Très rapidement, je me suis senti français », témoignera-t-il, des années plus tard, devant les sages de la commission pour le code de la nationalité. Un événement le marque, et il en parlera souvent. Lorsqu’au lycée Voltaire, en juin 1942, il suscite « l’émotion et la consternation » des élèves de sa classe, qui ignoraient qu’il était juif, en le voyant arriver avec une étoile jaune. La réaction de son professeur de français, M. Binon, le bouleverse. « Dans un silence très impressionnant, il a dit « Mes enfants » – il ne s’adressait pas toujours à la classe en disant « Mes enfants » - ouvrez votre livre, nous allons étudier un texte de Montesquieu qui s’intitule « De la tolérance ». J’ai le souvenir de cette heure, où, dans un silence absolu, nous avons parlé de la tol ...

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