Mon mari , Barou’h Picard – Hachem Yikom Damo

Ce devait être une absence de quelques jours pour remplir son devoir de citoyen soumis à l’obligation de réserviste. Barou’h (Jean-Benoît) n’est pas revenu. Avec Daniel Weil, lui aussi de Strasbourg, il fut l’un des 2 400 soldats israéliens tués, dès les premiers jours de la guerre de Kippour. Son épouse Jacqueline raconte. Le 23 septembre 1973, le lendemain de mon anniversaire, Barou’h (Jean-Benoît), est parti pour les Milouïm, appelé comme réserviste. On était à dix jours de Roch Hachana. Il savait qu’il allait être envoyé sur le canal de Suez. Du point de vue de l’armée, c’était un endroit calme et sûr : son ami Jocelyn Hattab y avait déjà effectué une période de réserve et l’avait prévenu : « On s’y ennuie ferme ! Prends des livres pour passer le temps… ». Depuis longtemps, Barou’h avait voulu lire le livre de Tolstoï : Guerre et Paix. Il n’emporta que le premier tome, Guerre… Par téléphone, il me prévint que toutes les permissions avaient été annulées pour Roch Hachana. Le cœur lourd, j’ai allumé les bougies de Roch Hachana, pensant avec tristesse à ces trois jours de fête qui s’annonçaient particulièrement difficiles, certes avec mes parents et mes enfants mais sans la présence de mon mari …C’est alors que la porte s’ouvrit et que Barou’h arriva ! Ce fut trois jours extraordinaires : Tachli’h à Chiloa’h, la prière au Kotel… Au cours du repas, Barou’h raconta qu’on lui avait proposé de prendre une permission pour Yom Kippour mais qu’il avait préféré prendre Roch Hachana donc trois jours en famille plutôt qu’un jour à passer à la synagogue … Il raconta aussi que, de son poste dans les fortins sur le canal, il avait remarqué beaucoup de mouvement du côté égyptien. Quand il en avait parlé avec ses supérieurs, on lui avait répondu que tout cela n’était que de l’entraînement, qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter…Il repartit le dimanche.Yom Kippour tombait chabbat. Avec mon bébé Ra’hel de six mois, je ne pouvais pas aller à ma synagogue habituelle et j’ai donc préféré rejoindre ma mère dans sa synagogue. À 14 heures, nous avons entendu les sirènes, juste pendant la pause entre Moussaf et Min’ha. De fait, j’avais remarqué qu’il y avait beaucoup de trafic sur l’avenue et cela m’avait semblé bizarre pour un jour de Yom Kippour mais je n’y avais pas prêté trop attention. Nous sommes descendus dans l’abri sous l’immeuble. Il y avait là un journaliste ; il m’a rassurée : apparemment, il se passe quelque chose dans le Golan au Nord… Il savait que Barou’h était sur le canal de Suez, au sud et il ne voulait pas m’inquiéter. C’est alors que quelqu’un vint prévenir notre voisin Jocelyn qu’il devait à nouveau se présenter de toute urgenc ...

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