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Ava Djamshidi : « Sarah Knafo a aidé Éric Zemmour à assumer ses positions les plus radicales »

Grand reporter au magazine Elle, Ava Djamshidi publie avec le journaliste François-Xavier Ménage une enquête politique fouillée et bien écrite sur un « personnage de roman ». Avec L’Intrigante Sarah Knafo, ils font la lumière sur la conseillère de l’ombre d’Éric Zemmour.

Éric Zemmour avait dit que sa campagne présidentielle n’aurait pu exister sans Sarah Knafo. Avez-vous pu le vérifier ?
Ava Djamshidi : Oui, c’est tout à fait certain. Il l’a d’ailleurs affirmé publiquement. Tout d’abord, Sarah Knafo lui met à disposition tout son réseau. Elle a déployé pour sa campagne toute sa capacité organisationnelle. Et elle est importante. Par exemple, c’est elle qui a trouvé Olivier Ubéda qui a une grande expérience politique et qui est devenu le directeur de campagne d’Éric Zemmour. L’importance de Sarah Knafo dans la campagne présidentielle d’Éric Zemmour a été particulièrement visible en termes de « géographie du pouvoir ». Il s’agit du seul tandem qui partage le même bureau au quartier général. Cela témoigne d’une intimité qui n’est pas seulement personnelle. Elle est aussi fondamentalement politique. Enfin, rappelons que les premières réunions – celles qui ont été à l’origine de cette candidature – se sont déroulées au domicile même de Sarah Knafo.

Vous évoquez des capacités organisationnelles, mais peut-on mesurer son influence idéologique ?

A.D. : Dans la première partie de leur relation, Éric Zemmour est le mentor de Sarah Knafo. Elle se construit intellectuellement et elle a épousé ses idées. Puis, il y a le moment où cela s’inverse. Et je pense vraiment qu’elle a aidé Éric Zemmour à assumer ses positions les plus radicales. Ce n’est pas parce qu’elle est jeune et qu’elle est une femme que son avis n’a jamais compté, comme on l’entend trop souvent. Bien au contraire.

Sarah Knafo a connu un parcours brillant. Comment l’expliquez-vous ?

A.D. : Il est vrai que cette question se pose tant son environnement familial ne la « prédisposait » pas
à une carrière dans la haute fonction publique. Elle n’a pas non plus d’attache directe avec un environnement intellectuel exigeant. Sarah Knafo a toujours été une excellente élève mais elle avance aussi un élément déclencheur :
sa rencontre avec un professeur en classe de Seconde, lorsqu’elle étudiait à l’école de l’Alliance des Pavillons-sous-Bois. Un professeur qui avait fait Sciences Po et qui lui a donné envie de s’inscrire dans
un parcours identique. Ensuite, son intérêt pour l’action publique s’est nourri année après année, au fil des cours, des lectures et des rencontres. De fait, elle entre à Sciences Po, à l’ENA et son très bon classement de sortie lui permet de choisir d’être magistrat à la Cour des comptes.

Quelle est la place du judaïsme dans la vie de Sarah Knafo ?
A.D. : Nous n’avons pas voulu creuser cet aspect de sa vie que nous considérions comme relevant de la vie privée. Nous mentionnons bien son judaïsme car nous avons senti qu’il avait joué un rôle dans son parcours. Ainsi, elle est scolarisée dans une école juive et elle a été élevée dans une famille « traditionnaliste ». On peut penser que son rapport à la judaïté garde une certaine importance aujourd’hui, mais notre livre est d’abord une enquête politique.

A-t-il été difficile de la rencontrer ?
A.D. : Non. Certes, elle n’a pas accepté tout de suite. Jusqu’à présent, elle n’avait pas joué le
« jeu » des papiers qui s’écrivaient sur elle, refusant de répondre aux journalistes. Mais avec le format d’un ouvrage, elle a pu penser avoir plus de place pour s’exprimer. Si bien que lorsqu’elle a su qu’on travaillait sur elle, qu’on allait interroger son entourage etc., elle a parfaitement compris que son intérêt était de nous répondre. D’autant qu’il existe de très nombreuses rumeurs sur elle et sur son couple. Par exemple, il existe différentes versions pour expliquer sa rencontre avec Éric Zemmour. Elle nous a simplement répondu qu’elle l’a rencontré dans le cadre familial. D’une façon générale, Sarah Knafo avait sans doute besoin de livrer sa vérité, notamment sur des épisodes vécus très douloureusement, comme celui de sa supposée grossesse. Elle ne s’était encore jamais exprimée sur cette question. Elle voulait donc raconter sa version : elle n’a jamais été enceinte !

Savez-vous ce que va faire Sarah Knafo dans l’avenir ?

A.D. : Elle s’interroge. Pour l’instant, elle s’occupe de la campagne des législatives d’Éric Zemmour. Elle envisage ensuite de continuer à s’occuper du parti Reconquête ! dont elle est salariée. Il lui sera sans doute très difficile de retrouver son poste de haut fonctionnaire tant elle s’est engagée sur le plan politique. Par ailleurs, je sais que des entreprises du CAC 40 lui ont adressé des propositions concrètes. Elle réfléchit. Mais, selon moi, elle n’en a pas fini avec la politique. Éric Keslassy

L’Intrigante Sarah Knafo Aux éditions Robert Laffont 19€

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