France/Politique

Yonathan Arfi : « Défendre les juifs en France, c’est intensifier le dialogue avec la société civile »

La 12ème convention du CRIF annonce un programme dense et éclectique. Avant sa tenue, dimanche 4 décembre, à la maison de la Chimie, son président en parle et répond aux questions de nos lecteurs.

Cette 12ème convention nationale du CRIF s’intitule « la France dans tous ses états ». Pourquoi ce thème ?

Yonathan Arfi : Être juif implique d’être particulièrement sensible aux divisions de la société parce que l’on sait, hélas, quelles peuvent être les retombées des secousses sociales. Or, la France est aujourd’hui fracturée. Face à cela, nous avons ressenti le besoin d’analyser cette situation avec des acteurs de la société. Puis, de réfléchir à des solutions afin de retrouver du commun dans la société française.

Le programme est à la fois prometteur et original. Des rencontres autour des thèmes « manger ensemble, c’est vivre ensemble ? » ou « le sport, plus fort que la haine » sont prévues. Que signifie cette ouverture ?
Y.A. : Nous avons, en effet, décidé, cette année, d’élargir le nombre d’intervenants et le type de thématiques abordées. J’ai la conviction que défendre les juifs dans la société française impose de poursuivre le dialogue avec les pouvoirs publics et de l’intensifier avec la société civile. Le participation des juifs dans la société française est à la fois historique et symbolique. Notre capacité à contribuer à l’animation du débat public en est l’illustration. Le rôle du CRIF est aussi d’organiser cette agora où, entre gens de bonne volonté, nous pourrons faire les diagnostics et réfléchir ensemble.

Passons aux questions que nos lecteurs ont souhaité vous poser. La première vient d’Éliane B., de Marseille : « Les élus d’extrême gauche et d’extrême droite sont de plus en plus nombreux. Dans ce contexte, le CRIF réfléchit-il à aller à leur rencontre, pour leur expliquer l’importance du combat contre l’antisémitisme ? ».
Y.A. : C’est une question qui nous est régulièrement adressée. Il y a bien sûr une question d’ordre moral, sur laquelle nos valeurs juives nous imposent la clarté. S’y ajoute également une vraie question politique. Nous considérons que ces rencontres-là serviraient plus l’extrême gauche ou l’extrême droite qu’elles ne nous serviraient. Je sais ce que de telles rencontres apporteraient au RN ou à LFI. Je ne sais pas, en revanche, ce que ces rencontres apporteraient aux Français juifs. Éliane a néanmoins parfaitement raison de souligner que nous devons sensibiliser à la lutte contre l’antisémitisme, y compris les Français qui ont voté pour ces élus-là. C’est la raison pour laquelle nous nous adressons à toute la société française, indépendamment des choix faits dans l’isoloir.

« Les grands dîners du Crif servent-ils encore à quelque chose et si oui, à quoi ? », demande Sophie A. de Paris.

Y.A. : Le dîner du Crif est d’abord un espace de dialogue institutionnalisé entre la communauté juive et les élus politiques. C’est une fonction fondamentale parce que c’est le moment où nous faisons remonter nos inquiétudes, nos espoirs et nos aspirations auprès des pouvoirs publics. Ce dîner est devenu un moment central dans la relation entre les pouvoirs publics et la communauté juive. Mais il ne signifie pas pour autant qu’il y ait connivence.

Marc C. de Villeurbanne demande si « le Crif peut jouer un rôle pour faire baisser le coût de la vie juive en France ».

Y. A. : J’aimerais pouvoir lui répondre oui ! Comme tout le monde, je suis frappé par la manière dont le coût de la vie, et donc aussi le coût de la vie juive, a augmenté. Cela pose une vraie question sur la facilité et donc la pérennité à être juif dans la société française. Cette thématique relève plus du Fonds social et du Consistoire. Néanmoins, nous savons que toute crise économique produit potentiellement des formes de radicalité qui, d’une manière ou d’une autre, finissent par se tourner contre la communauté juive. Notre responsabilité étant de mener le combat contre l’antisémitisme, nous serons très vigilants sur un antisémitisme qui pourrait surgir comme conséquence d’une crise sociale.

Yvan W., de Rueil-Malmaison demande : « que pense le Crif des dernières élections législatives en Israël » ?
Y.A. : Sur la forme, cette élection vient rappeler au monde entier qu’Israël reste la seule démocratie du Proche-Orient et, à ce titre, doit être considéré comme un partenaire privilégié par ses partenaires, européens notamment. On ne peut, en effet, jamais renvoyer dos-à-dos Israël et ses voisins qui n’ont, eux, rien de démocratique. Je félicite Benyamin Netanyahou pour cette élection, en espérant qu’il dirigera le pays, avec le souci de défendre les valeurs juives et démocratiques et de développer le dialogue avec les communautés de diaspora et notamment celle de France. J’espère aussi que la relation entre Israël et la France sera renforcée. Je suis convaincu que les deux pays partagent bien plus que ce que l’on veut bien croire. Laëtitia Enriquez

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