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Folklore : Les juifs tunisiens , un monde à part

Où que vous vous trouviez sur cette planète, l’héritage des coutumes et traditions judéo-tunisiennes, à travers les expressions, la gastronomie ou la musique continue d’exister et de se transmettre de générations en générations. Pourvu que ça dure. 5 sur nous !

Expressions judéo-arabes

Bienvenue chez vous !

Mes parents sont d’origine tunisienne. Ils sont tous les deux de Tunis même ! À la maison, ils parlaient très souvent en arabe, surtout pour ne pas qu’on comprenne leurs échanges lorsque nous étions jeunes avec mes frères et sœurs. Mais à la longue, nous nous sommes familiarisés avec un tas d’expressions qui revenaient de façon récurrente. Jusqu’à aujourd’hui, pour être honnête, je serais incapable d’en traduire la grande majorité, mais je les comprends et il m’arrive même de les utiliser. Les expressions judéo-arabes sont tellement fortes qu’elles perdent de leur valeur une fois qu’on tente de les traduire. Lorsque ma mère me disait, avec une voix où il était difficile de refuser : « Brass omok, passe voir ta grand-mère, ça fait longtemps que tu l’as pas vue », même sans la traduction exacte, qui est « sur la tête de ta mère », je savais que si je ne faisais pas ce qu’elle demandait ça lui ferait de la peine. Elle pouvait dire aussi Yaïch Ouldi, s’il te plaît mon fils, (marche aussi avec la fille Yaïch Beunti), mais c’était moins culpabilisant.
Ces expressions sont souvent liées à des situations bien spécifiques associées à des expressions du visage appropriées. Par exemple, lorsqu’on raconte un événement commençant à dater, on envoie un « Ya ‘Has’ha » en fermant une seconde les paupières avec un visage exprimant une vraie nostalgie. Lorsqu’on se disputait avec mon frère et que je donnais ma version des faits, mes parents me disaient « Akhleuf », jure. De nos jours lorsqu’on veut absolument qu’on nous croît, beaucoup jurent sur la Torah, (la Torah d’Israël pour d’autres à qui je signale que la Torah de Quimper ou de Johannesburg a tout autant de valeur). Chez nous, dès qu’il s’agissait de jurer, mes parents avaient chacun leur spécialité. Mon père jurait Ourwass Mjouja (Sur la Mezouza souvent en posant la main dessus) et ma mère y allait de son Ourwass Nar Koubour, elle jurait sur la tête de Kippour ce qui reste jusqu’à aujourd’hui un grand mystère pour nous.


En vrac, je peux vous dire que ma grande sœur était la spécialiste des Kchouch, ces objets qui n’ont pas beaucoup d’utilité et qu’elle empilait, que lorsque mon père rentrait du travail et se jetait sur le canapé épuisé il balançait un « Klaqt ». Il enchaînait avec un « Chnoua l’ftour » pour savoir ce qu’il y avait à manger. On a tous eu droit au Babaou, une sorte de monstre virtuel qui nous a bien traumatisés. Lorsqu’un de nous se cognait légèrement et enchaînait avec un petit pleur victimaire, ma mère y allait de son « Mnaïch Alik », dont la traduction littérale est très profonde et semble démesurée par rapport à la nature du bobo, car elle signifie le souhait des parents de ne pas quitter ce monde après leurs enfants. Évidemment, chaque éternuement était ponctué d’un Taïch (que tu vives), suivi d’un éventuel Tfouj (que tu sois guéri) après, en cas d’allergie, c’était le festival Outeukbeur,Outouli arous, Oueutla fil carous….Hassilou (bref). Laurent Cohen-Coudar

Généalogie

L’arbre dont les juifs tunisiens sont le fruit

Il y a quelques années, Hervé Kabla, consultant en marketing digital, a commencé à créer un arbre généalogique familial d’une petite centaine de personnes. C’est par la suite la découverte du logiciel israélien MyHeritage, qui lui a permis de « matcher » avec d’autres arbres construits par des cousins plus ou moins éloignés. De fil en aiguille, l’arbre a pris de l’ampleur.


« J’ai compris qu’en alliant généalogie et matchs ADN, on pourrait reconstruire un arbre beaucoup plus important, une forêt, de toutes les familles juives de Tunisie. L’épidémie de Covid-19, et la forte mortalité initiale chez les personnes âgées, n’a fait qu’accélérer le processus », détaille Hervé Kabla. À ce jour, Hervé est arrivé à un peu plus de 105 000 personnes dont des milliers de Cohen, Guez, Taieb, Haddad, Uzan, Nataf… nés entre le 18ème siècle et nos jours. « Pour garder de la cohérence et suivre l’évolution de certaines branches, j’ai élargi à la région de Constantine, à Tripoli et Livourne, et bien sûr aux descendants partis en France ou en Israël. On y retrouve quelques personnages célèbres, comme Élie Kakou, Michel Boujenah, Victor Lanoux, Gabriel Attal ou Yomtob Kalfon », souligne Hervé.


Depuis quelques mois, d’autres experts en « généalogie tune » comme Gilles Boulu et Thierry Samama du Cercle de généalogie juive, Emmanuel Fitoussi, David Liscia ou David Gamrasni, travaillent de concert pour accélérer la constitution decet arbre, en s’appuyant non seulement sur des documents (actes d’état civil, décrets de naturalisation), mais aussi sur des témoignages personnels, via un groupe Facebook. L.C.-C.

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