France/Politique

Arié Bensemhoun : « Des milliers de Chalghoumi sommeillent en France, mais ils ont peur »

Organisé par Elnet et par l’imam Hassen Chalghoumi, le voyage des « Ambassadeurs de la paix » a emmené, en Israël, du 5 au 12 juillet, quarante jeunes musulmans français et belges pour qu’ils découvrent la réalité de la démocratie israélienne.

Comment l’idée de ce voyage pour jeunes musulmans francophones est-elle née ?
Arié Bensemhoun : En 2018, l’imam Chalghoumi, dont nous suivons le travail de près, nous avait suggéré l’idée d’emmener de jeunes arabo-musulmans en Israël pour, d’une part, leur montrer la réalité de ce pays et, d’autre part, lutter efficacement contre les stéréotypes négatifs propagés par les calomniateurs et les prédicateurs de haine sévissant dans les mosquées, les banlieues et sur les réseaux sociaux. Nous avons organisé un premier voyage en 2019 dont les retombées ont été exceptionnelles. Cela nous a poussés à renouveler cette expérience pour que ce voyage s’inscrive dans un travail de fond.

Quel a été le profil des participants au voyage, cette année ?
A.B. : Les profils étaient mixtes, mais il s’agissait de jeunes prêts à prendre le risque d’être stigmatisés à leur retour ou d’être regardés comme étant des traitres par leur entourage. En 2019, une partisante du mouvement BDS avait accepté de participer au voyage. Lors de la rencontre avec le président de l’État d’Israël, cette jeune femme, qui venait de Molenbeek avait clairement expliqué qu’elle pensait qu’Israël était un État terroriste. Elle a fait preuve d’un courage colossal en reconnaissant avoir été lobotomisée par toute la propagande antisioniste.

Quel discours tenez-vous aux participants ?
A.B. : Nous leur expliquons qu’ils vont devenir des témoins, c’est-à-dire des personnes qui voient avec leurs yeux et non pas ceux des autres et qui peuvent se faire leur propre idée sur une situation. À chaque fois et pour chacun d’entre eux, la réalité d’Israël l’emporte sur tout autre considération. C’est là d’ailleurs tout le problème des antisionistes et des pro-BDS. Ils ont peur que les gens aillent découvrir ce que représente réellement Israël, sinon ils inciteraient à se rendre sur place !
Pour tous ces participants, découvrir ce pays est un choc de modernité et de liberté. Ils voient des Arabes plus libres qu’ils ne le sont nulle part ailleurs dans le monde. Ils s’en sont d’autant plus rendu compte que ce voyage s’est déroulé pendant la période de l’Aïd et qu’ils ont pu voir des dizaines de milliers de Musulmans célébrer cette fête partout dans le pays. Ils ont vu des femmes voilées, des militaires et des médecins arabes et musulmans… Ils ont découvert quelque chose de radicalement différent de ce qu’on leur avait raconté et ont compris alors qu’ils avaient été manipulés.
De ce genre de rencontres naissent ensuite beaucoup d’initiatives. D’eux-mêmes, ils deviennent des ambassadeurs de la paix et de la coexistence. Être ambassadeur signifie porter un message. Ils ont envie de porter ce message positif de vérité et de le partager avec leur entourage, nonobstant le fait qu’il existe aussi en Israël des difficultés et des formes de racisme comme il en existe dans toute démocratie.

On apprécie tous l’imam Chalghoumi. Néanmoins, ce voyage aurait-il pu se faire avec un autre imam que lui ?

A.B. : Il faut rendre hommage à l’imam Chalghoumi que j’ai vu à l’œuvre auprès des jeunes pendant toute cette semaine de voyage. Il sait mettre en valeur ce qui fait la beauté de l’islam. Je crois qu’il y a des milliers de Chalghoumi qui sommeillent, mais qui ont peur. Le prix à payer pour son comportement est de vivre sous protection permanente vu toutes les menaces qu’il reçoit. Il faut fabriquer des gens courageux et c’est ce à quoi on travaille, en organisant des voyages comme celui-ci. Propos recueillis par Laëtitia Enriquez

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