EditoFrance/Politique

La mystification Mélenchon

Il se présentait en Robin des Bois, détrousseur des riches au profit des pauvres, mais prétendait surtout réaliser le « hold-up du siècle », pour reprendre l’expression des macronistes, quand ils virent leur chef de bande entrer à l’Élysée en mai 2017. Mais la tentative de prise du pouvoir de Jean-Luc Mélenchon, à l’issue des législatives, a révélé sa vraie nature, celle d’une vaste mystification politique. Le chef de file de La France insoumise savait fort bien, dès le soir du premier tour, et probablement dès la présidentielle, qu’il n’entrerait pas à Matignon avant l’été ; il ne prévoyait sans doute pas que le groupe RN serait, avant ralliements, plus puissant que le sien. Mais il a atteint son objectif politique principal : assurer sa domination pérenne sur toute la gauche. Les 84 LFI représentent en effet près de 60 % des députés Nupes élus dimanche soir ; les groupes écologiste, socialiste et communiste ne sont que des supplétifs au sein de cette vraie-fausse union de la gauche. Pour cinq ans, il y aura les Insoumis, et les soumis…
Plus profonde et plus grave que la suprématie arithmétique, c’est l’emprise idéologique du mélenchonisme sur la gauche qui inquiète. Il n’est plus d’écologie progressiste possible, c’est la mise à bas d’un système économique fondé sur la croissance qui est désormais la doxa. On a longtemps dit que l’écologie politique, en France, était verte à l’extérieur, rouge à l’intérieur. Mélenchonisée, la voici rouge dehors et rouge dedans ! L’idéologie l’emporte sur la raison, la punition des récalcitrants prendra le pas sur la pédagogie.

De même, on ne voit pas par quel soupirail la social-démocratie sortira de la geôle où elle s’est enfermée en pactisant avec Mélenchon. À moins, au gré des textes, d’accorder parfois des votes à la majorité macronienne, sous les menaces et les quolibets de LFI. Le PS ressemble au parti des girondins face aux montagnards lors de la Révolution française… Quant à un néo-réformisme de gauche « hors les murs », animé par les dissidents rétifs à la Nupes, il paraît incarner aujourd’hui la nostalgie d’un passé que les Français veulent oublier, plus qu’un bourgeon de gouvernance moderne, malgré les modèles offerts par d’autres pays européens.


Aujourd’hui maître de la gauche, comment Jean-Luc Mélenchon va-t-il la cornaquer face au lepénisme conquérant et à un macronisme que sa faiblesse va pousser vers la droite ? Ayant choisi de n’être plus député, il ne pourra envoyer son hologramme dans l’hémicycle, mais pourra animer les réunions de son groupe parlementaire pour l’inciter à l’imprécation et à l’obstruction. Christophe Barbier

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