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Djemila Benhabib : « Les musulmans partisans d’un islam laïc représentent une majorité éparpillée et silencieuse »

Elle est l’une des voix du combat contre l’islam politique. Dans son dernier essai, Islamophobie, mon œil ! , elle livre un constat sans appel sur la façon dont l’Occident a tendance à fermer les yeux sur ce danger qui se développe en son sein et décortique ce qui se cache derrière cet islamophobie que l’on brandit à chaque débat sur le sujet.

A-J : Vous dénoncez sans relâche cette immense mansuétude, voire ce déni, que peuvent avoir certains responsables politiques à l’égard de l’islam politique. Est-ce selon vous uniquement des raisons clientélistes qui motivent leur attitude ?

Djemila Benhabib : Je pense qu’il y a une addition de points de vue qui, quelque part, se rejoignent. Entre le naïf, l’ignorant et le calculateur, le résultat donne une certaine complaisance vis-à-vis de l’islam politique. Le résultat final fait que l’on ne décrypte pas l’objet de la bonne façon.
Il faut reconnaître que nous ne sommes pas face à un phénomène facile à cerner et qui génère beaucoup de confusion dans les débats. Je peux admettre qu’il y ait des gens qui ne le comprennent pas, de bonne foi. Mais je dois ajouter que d’autres comprennent parfaitement ce qui se passe ainsi que les enjeux et qui choisissent de se situer du côté de l’islam politique, pour des raisons purement électoralistes. Car qui dit islam politique dit organisation politique et capacité de mobilisation. Il y a aussi les idéologues. Ceux qui admettent l’idée que les musulmans sont des dominés et qu’il va falloir fermer les yeux sur les écarts qu’ils commettent parce qu’ils subissent une certaine oppression.

A-J : Qui aujourd’hui a la plus grande capacité d’influence sur la communauté musulmane, les tenants de l’islam laïc ou ceux de l’islam politique ?

D.B. : Ce sont naturellement les islamistes car ils sont les plus organisés et les plus en capacité de mobiliser en vue d’un vote.

A-J : Faut-il en déduire que les musulmans laïcs ne sont pas organisés ou bien ne sont-ils pas nombreux ?

D.B. : Les musulmans partisans d’un islam laïc représentent une majorité éparpillée silencieuse et totalement désorganisée. Et parce que cette majorité se fonde aussi dans l’ensemble de la société,
elle n’a pas besoin d’une niche communautariste. Les laïcs musulmans sont tout à fait à même de vivre dans la société alors que les islamistes vivent à la fois en rupture et à l’intérieur de la société de façon à pouvoir la transformer.

A-J : À tous ceux qui justifient l’attitude des djihadistes en expliquant que l’Occident est coupable de ne pas les avoir intégrés comme il le fallait, vous rappelez dans votre livre qu’en Algérie, pays que vous avez dû fuir, les islamistes sont arrivés au pouvoir sans jamais avoir été brimés ni frustrés…

D.B. : Absolument. La violence islamique n’est pas caractéristique de l’Europe ou de l’Occident. Elle est d’abord née dans les pays musulmans. Elle a assassiné des musulmans et fracturé des sociétés majoritairement musulmanes. L’argument social-économique ne marche donc pas et le mobile du crime est véritablement idéologique et politique. Les islamistes considèrent que tous ceux qui
ne leur ressemblent pas sont des déviants qu’il faut éliminer. Leur démarche idéologique légitime
la violence et leur détermination s’appuie dessus. Il faut le comprendre pour comprendre l’engagement dans le djihad politique.

A-J : Que répondre à ceux qui brandissent l’accusation d’islamophobie dès lors que l’on se penche de près sur le sujet ?

D.B. : La volonté de ceux qui nous accusent d’être des islamophobes est de faire avorter le débat afin que le silence de honte et de culpabilité gagne nos rangs. Je pense que la réponse la plus pertinente est de continuer de débattre et d’argumenter. La démonstration est à travers la force de nos convictions. Car hormis cette accusation, ils n’ont pas grand-chose à nous proposer si ce n’est quelques éléments insignifiants par rapport aux enjeux. C’est bien la raison pour laquelle ils cherchent à faire avorter le débat.

A-J : Quel regard portez-vous sur le rapprochement qui vient de s’opérer en France entre le PS et l’extrême gauche ?

D.B. : Se fondre dans un grand rassemblement de gauche me paraît dangereux parce que LFI s’est égarée des fondamentaux de la gauche pour prendre une tangente communautariste et complaisante vis-à-vis de l’islam politique. On le voit sur les problématiques de l’islamophobie et la victimisation des musulmans. Je suis inquiète de la possibilité de dilution du PS. C’est triste, préoccupant et inquiétant pour l’avenir.

Propos recueillis par Laëtitia Enriquez

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