Entretien : Haïm Korsia « Un pays qui se réinvente au quotidien est un pays qui a toujours de l’avance »

La coutume, ancrée depuis de nombreuses années, est devenue un exercice incontournable. Chaque année au moment des fêtes de Roch Hachana, le grand rabbin de France répond à une longue interview où il revient sur les moments forts de l’année écoulée et évalue les challenges à relever pour l’année à venir. Réélu très largement pour un second mandat en juin dernier, le grand rabbin Haïm Korsia a accepté de répondre à nos questions. Fidèle à ses convictions, il porte un message de volonté et d’espoir, malgré le contexte sanitaire et social. Monsieur le grand rabbin, vous avez été réélu en juin dernier pour un second mandat de sept ans. On ne l’a pas évoqué dans nos colonnes mais la campagne a été d’une grande violence, à tel point que des « plaintes contre X » ont été déposées pour diffamation et utilisation frauduleuse de fichiers. Dans le passé, d’autres élec-tions au grand rabbinat comme au Consistoire ont été marquées par de violentes campagnes. Ne peut-on pas éviter d’en arriver là ?Haïm Korsia : La violence n’est nullement inscrite dans l’ADN du Consistoire. En revanche, quand les motivations sont insupportables, il faut être capable de déposer plainte. C’est ce que le Consistoire a fait, c’est ce que j’ai fait et c’est ce que je pense légitime de faire. Il y a des méthodes qui ne doivent pas avoir cours dans le milieu communautaire. Il faut donc être capable d’y mettre un coup d’arrêt. Ceci dit, il y a eu aussi un grand nombre de messages formidables d’espérance et de construction provenant de présidents de communautés, de rabbins et de fidèles qui se sont sentis investis dans cette campagne. Avec leurs mots, votants et non-votants m’ont redit à quel point ce que j’es-saie de porter du judaïsme dans la société est important pour tous. L’excellent score que vous avez obtenu à cette élection (74,4% des voix dès le premier tour) exprime un plébiscite. Dans quelle mesure ce résultat vous engage-t-il ?H.K. : Cette confiance m’oblige. Ce résultat montre que mon action trouve un écho et que je peux m’appuyer sur les volontés qui se sont exprimées. Je rencontre régulièrement les Consistoires et nous continuons à bâtir ensemble toutes les communautés juives de France. Ce judaïsme français est en permanence occupé à se réinventer sur des bases simples qui sont le respect de la Halakha et le respect de chacune et chacun.L’un des enjeux des années à venir sera d’aider les jeunes à se rencontrer. Je me rends compte que beaucoup n’y arrivent pas et, par conséquent, ne parviennent pas à fonder une famille. Ceci est encore plus compliqué dans les petites communautés de province. Il faut donc permettre aux jeunes de se rencontrer, en déclinant, par exemple, le projet de la « Hazak » initié par Joël Mergui. Il faudra aussi engager une réforme de l’École rabbinique pour mieux répondre aux attentes des communautés et de leurs présidents. Une formation repensée de nos rabbins est indispensable au dynamisme et à l’avenir de nos communautés partout en France. L’élection à la présidence du Consis-toire central aura lieu le 24 octobre prochain. Elie Korchia est seul candidat à ce poste. Que pouvez-vous nous en dire ?H.K. : Je suis heureux tant pour Élie Korchia que pour le Consistoire central de France. Cet avocat reconnu, militant associatif et dirigeant communautaire engagé de longue date, sur le terrain, dans les Hauts-de-Seine, mais également au Consistoire de Paris et au Consistoire de France depuis de nombreuses années, fait toujours preuve d’une grande disponibilité tout en étant profondément à l’écoute des autres. Tout au long de ces derniers mois, il a aussi su rassembler et fédérer autour de lui des responsables communautaires à travers toute la France. Ainsi, sa candidature est aujourd’hui à la fois synonyme de légitimité et d’unité. Au regard des élections consistoriales passées, c’est une situation rare et une vraie chance d’obtenir un tel mouvement d'adhésion, avant même la tenue formelle de l'élection à la présidence, autour d’une personnalité communautaire. Je suis très confiant quant à tout ce que nous pourrons accomplir et suis convaincu que nous pourrons agir ensemble de la meilleure manière possible au sein du Consistoire central de France, au service du judaïsme français. La crise sanitaire a engendré d’énormes problèmes pour les communautés. Les rentrées financières sont en chute libre et beaucoup de synagogues sont longtemps restées fermées ou peu fré-quentées. Comment rattraper toutes ces pertes ?H.K. : Les aides de l’État ont soutenu les organisations qui pouvaient en bénéficier. Il y a aussi le « Fonds Myriam » lancé par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, la Fondation Rothschild, le Fonds Harevim et la Fondation Sacta-Rachi. Je suis heureux de le voir aider tant et tant d’associations et de communautés… Cette crise nous a obligés à découvrir une autre façon de fonctionner au niveau communautaire. Reconnaissons également qu’auparavant, nul ne connaissait le système du Zoom tandis qu’aujourd'hui, plus un seul cours ne se fait sans lui. On a peut-être perdu en convivialité, mais on a su ainsi préserver certains rendez-vous essentiels pour conserver et tisser du lien. Dans les années à venir, il sera important de capitaliser sur cette nouvelle façon de faire, sans oblitérer la possibilité d’organiser des manifestations en présentiel car le rapport humain reste différent. Comment se profile la célébration des fêtes de Tichri ?H.K. : Le gouvernement nous a rendu hommage pour notre rigueur à faire appliquer les mesures barrières qui sont des mesures de protection et nous entendons continuer dans cette voie. Avec les responsables protestant et musulman, j’ai lancé un appel afin d’encourager le plus grand nombre à se faire vacciner dès la mi-juillet, quelques jours seulement après les premières manifestations « antivax ». Je souhaite également que ne puissent participer aux offices de Roch Hachana et de Yom Kippour que des personnes vaccinées. Nous préférons opter pour une parole claire plutôt que de demander un pass sanitaire ou des tests, d’autant que l’on sait que de nombreux faux tests circulent… Nous voulons ainsi assurer le fait que dans toutes les synagogues consistoriales, ceux qui viendront seront des personnes vaccinées qui ne mettront pas en danger les autres. Et je rappellerai que nos règles ne sont pas faites pour embêter les gens mais pour les protéger. Cette position risque de faire réa-gir. Un certain nombre de personnes, y compris dans la communauté juive, restent réfractaires à la vaccination…. H.K. : Comment peut-on avoir parmi nous des gens anti-vaccins ? Qu’est-ce que cette défiance à l’égard de la science ? Certes, nous sommes tous aujourd’hui en train de tâtonner. Israël, qui a massivement vacciné au Pfizer, découvre à présent que le vaccin d’AstraZeneca serait plus efficace contre le variant Delta… Il n’empêche, on voit bien que la solution passe par la vaccination. Les catastrophes qui se passent aux Antilles s’expliquent par le fait qu’il n’y a, là-bas, que 17% de la population qui est vaccinée.Je connais un rabbin qui refuse de se faire vacciner et à qui j’interdirai de faire les offices de Roch Hachana et de Kippour.Cette sorte de rébellion contre le système n’a pas sa place dans une vision rationnelle. Or, notre responsabilité est claire : « Tu seras le gardien de ton frère », nous dit la Torah. La sécurité de ceux qui viennent prier à Roch Hachana et à Kippour dans nos synagogues doit être assurée.Quant aux « antivax » que nous avons dans la communauté, j’espère tout au moins qu’ils ne participent pas aux manifestations que nous observons et où l’expression de l’antisémitisme est scandaleuse. La phrase prononcée par le rescapé Joseph Szwarc l ...

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