La débandade
Qui aurait imaginé que les Américains fuiraient l’Afghanistan dans la précipitation et le désordre ? Les milliers d’Afghans qui ont envahi le tarmac de l’aéroport de Kaboul hanteront longtemps notre mémoire. Cette panique, à l’ombre de la bannière étoilée, nous rappelle la fuite de Saigon en 1975. D’autres milliers espèrent encore, contre toute attente, qu’ils pourront, eux aussi, quitter leur pays pour un asile politique en Europe, en Amérique ou même au Moyen-Orient. Les 6 000 GI’s qui ont été dépêchés en catastrophe pour maintenir, tant bien que mal, un semblant d’ordre ont déjà affronté le danger. Treize d’entre eux ont été les victimes d’un attentat dans Kaboul, alors que, depuis deux ans, aucun de leurs camarades n’était mort en Afghanistan.Qui est responsable de la débandade ? Longtemps encore, la question sera posée, même si, aujourd’hui, des réponses peuvent être avancées. Le président Joe Biden pensait que le temps était venu pour les États-Unis de quitter l’Afghanistan. Depuis 2001, les talibans en avaient été chassés. Ben Laden avait été exécuté en 2011. L’armée afghane avait été équipée, voire suréquipée. Un semblant de démocratie régnait à Kaboul. En 2019, Donald Trump a donné le signal de départ. Joe Biden l’a imité. Les Américains en avaient assez de cette guerre, commencée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 – le conflit le plus long de leur histoire, qui a entraîné la mort de2 400 soldats américains. Le 14 avril 2021, Joe Biden annonçait que tous les Américains auraient quitté l’Afghanistan avant le vingtième anniversaire des attentats de 2001. En juin, il estimait que le gouvernement afghan résisterait aux talibans pendant au moins six mois. Dans la foulée, il abandonnait l’aérodrome de Bagram et promettait qu’à partir de Kaboul, tous les Américains auraient été évacués, en bon ordre, à la date du 31 août. Le bel édifice s’est écroulé. Les talibans ont vaincu, sans coup férir, l’armée qu’on leur opposait. Le président de la République a pris immédiatement la poudr ...
