Erdogan, calife 2.0

Le président turc a appris à plier la réalité à sa démesure. Persuadé qu'il peut concilier islamisme et nationalisme, il veut être la version augmentée d'un souverain ottoman. Recep Tayyip Erdogan n'est jamais aussi redoutable que dans la vengeance. La scène qu'il fait figurer dans le film biographique « Reis », réalisé à sa gloire en 2017, où son grand-père est battu par la police pour avoir osé prier en public, est à cet égard révélatrice. C'est ce qui aurait enraciné sa foi et sa conviction que seule la puissance peut combattre l'injustice. A chaque étape importante de son ascension politique, on retrouve d'ailleurs un événement déclencheur. Il est déjà maire d'Istanbul depuis trois ans, quand il déclame en 1997 le poème qui lui vaut une peine de dix mois d'emprisonnement, car il comparait les minarets à des baïonnettes et les fidèles musulmans à une armée. Sa popularité grandit dans les milieux populaires conservateurs et lui permet cinq ans plus tard de donner la victoire aux législatives à son nouveau parti AKP et de devenir Premier ministre.Le gamin d'Istanbul, né en 1954 dans une famille traditionnaliste, a fait un long parcours depuis les bancs de l'école islamique et sa carrière rapidement interrompue dans le football professionnel. Il n'a plus quitté le pouvoir depuis sa première élection au parlement turc. Chef du gouvernement de 2003 à 2014, il consacre ses trois mandats successifs à la tête de l'exécutif à affaiblir les laïcs kémalistes qui tenaient le pays depuis quatre-vingts ans et à les évincer de l'armée et des institutions publiques, à la faveur de la répression des contestations ou des tentatives de putsch, qui lui permettent d'effectuer des purges massives. Celui qui a commencé par se présenter comme un leader conservateur démocrate, pour tenter ...

Vous devez être connecté(e)(s) pour accéder au contenu du journal

Je me connecte

Supplément du journal

Petites annonces

Votre annonce ici ? Ajouter mon annonce

Publicités

Bouton retour en haut de la page

Vous ne pouvez pas copier le contenu de cette page