
Réveil terroriste à Jérusalem
SÉCURITÉ Avec cinq attaques en deux semaines, l’escalade de la tension à Jérusalem est-elle un signe
de plus d’une nouvelle intifada en maturation ?
Le terrorisme est insupportable. Il l’est encore plus quand il frappe des enfants. Parmi les trois victimes de l’attentat à la voiture bélier du 10 février à Jérusalem, deux frères, Yaakov Israël et Asher Menahem Paley, âgés respectivement de six et huit ans. Ils étaient avec leur père, Avraham, à l’arrêt de bus au nord du quartier de Ramot quand le terroriste a foncé sur eux avec sa voiture, avant d’être neutralisé par un policier qui passait à proximité. Les deux garçonnets ont été fauchés, un de leurs frères plus légèrement blessé, mais leur père a lui aussi été grièvement atteint. Il a perdu conscience sans avoir pu se rendre compte que Yaakov n’avait pas survécu et qu’Asher allait succomber le lendemain. La troisième victime, Alter Shlomo Lederman, n’avait pas encore vingt ans. Et le 13 février, deux nouvelles
attaques au couteau à quelques heures d’intervalle ont fait un blessé et un mort, le sergent Assil Sawaed,
22 ans, un garde-frontière tué accidentellement par la balle d’un agent de sécurité, qui tentait de neutraliser l’agresseur. Ce réveil du terrorisme à Jérusalem s’ajoute à la dégradation sécuritaire qui se poursuit depuis bientôt un an. Les attaques de ces quinze derniers jours ont été perpétrées par des individus isolés, tous résidents arabes de Jérusalem. Et dans trois cas sur cinq, il s’agissait d’adolescents, exposés à la propagande des réseaux sociaux et au programme scolaire de l’Autorité Palestinienne, dispensé dans les écoles de Jérusalem-est. Les Arabes représentent plus d’un tiers de la population de la capitale, ce qui rend le problème sécuritaire particulièrement complexe. Le maire de Jérusalem Moshe Leon s’est d’ailleurs opposé au bouclage des quartiers arabes, selon lui « sanction collective injustifiée ».
En Judée-Samarie, Tsahal effectue ses opérations antiterroristes à un rythme quotidien, alors que la
coordination sécuritaire, rompue par l’Autorité Palestinienne le mois dernier, n’a toujours pas repris. Et
à Gaza, le Hamas a renoué avec ses « tirs sporadiques » de roquettes contre l’ouest du Néguev, mais préfère encourager l’escalade à Jérusalem, en Judée-Samarie, et aussi dans les prisons, sans faire entrer le territoire sous son contrôle dans la boucle. Le cabinet de sécurité a autorisé la légalisation de neuf implantations sauvages et la construction de nouveaux logements en Judée-Samarie. Une mesure qui a déjà suscité les critiques de Washington. Et il y a quelques jours, c’est le directeur de la CIA qui a prononcé le mot qui fâche. « Beaucoup de ce que nous voyons aujourd’hui n’est pas sans rappeler désagréablement les événements de la seconde intifada », a déclaré William Burns, qui avait été en poste dans la région au début des années 2000.