Conseiller spécial à la Fondation pour la Recherche Stratégique, spécialiste de géopolitique, François Heisbourg explique les raisons du retour de la guerre au premier plan et délivre quelques notes d’espoir sur l’Europe notamment.Actualité-Juive : Écrit en 2021, votre livre était-il prémonitoire ? François Heisbourg : Malheureusement oui, même si je ne pensais pas spécifiquement à la guerre en Ukraine. La thèse de mon livre est que la guerre est possible, y compris en Europe. La raison fonda-mentale en est le délitement de l’ordre international, hérité de la Seconde Guerre mondiale. L’ONU, le droit international sont sans cesse remis en cause. Le surgissement de la Chine et le révisionnisme de la Russie, concourent fortement à cette instabilité porteuse de guerre. Enfin, tout cela avec des tech-nologies toujours plus évoluées qui font croire que la guerre est simple. Pendant la guerre froide, tout coup de feu pouvait la déclencher, on ne tirait pas en Europe. Avec les technologies, il n’existe pas de césure claire entre guerre et non-guerre dans le cyber notamment. Ainsi, la guerre en Ukraine a commencé en 2014 en réalité, 15 000 morts tout de même. Le passage d’une petite à une grande guerre est simplifié et cela m’inquiète.A-J. : La pandémie de Covid et ses conséquences ont-elles augmenté les risques de guerre ?F.H. : La grande pandémie du Covid a accéléré les développements négatifs et aussi quelques notes d’espoir. En premier lieu, le Covid a accentué la rivalité entre les puissances ; les États, sauf en Europe, ont repris la main. L’OMS et la communauté internationale ont été impuissantes. C’était le règne du chacun pour soi, sauf pour l’Union eur ...

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